"Alors, quelle activité en propre restera-t-il aux humains face à des robots habiles, véloces et calculateurs ? Le philosophe Dominique Lestel, dans son ouvrage A quoi sert
l’homme ? (Fayard 2015), questionne la fascination mortifère de notre époque pour les machines, le robot et le post-humain : cette passion a fini par nous faire négliger, et même haïr, la nature et le vivant, estime-t-il, mais aussi tout ce qu’il y a de convivial, d’attachement, d’empathique, d’historique, d’artistique dans l’homme - dans ce corps souffrant doué de culture et de sentiments. De son côté, le philosophe américain Peter Asaro, une figure de l’opposition aux «armes létales autonomes» ou «robots tueurs», pointe depuis des années les questions de morale et de droit - proprement humaines - soulevées par la cohabitation avec des machines autonomes.
Il nous demande : si la Google Car écrase un passant qui sera responsable ? Si un robot soldat fait un carnage, qui va répondre de ses crimes ? Autre exemple: l’arrivée des drones commerciaux exige qu’on régularise l’ouverture des couloirs aériens de «transit à haute vitesse», situés entre 6 et 120 mètres. Doit-on les autoriser en ville ? Le grand public aura-t-il le droit de les utiliser ? Peter Asaro demande : à qui s’adresser si le colis d’un drone tombe sur une tête ?"
- Date Published:01/18/2016
- Original Publication:Le Monde